Coca, c'est moi !

Coca, c'est moi !

dimanche 16 janvier 2011

La gamelle

Et si je vous parlais maintenant ce qui vous intéresse le plus? Oui, allons, vous voyez bien de quoi je veux parler, le nerf de la guerre... la nourriture, bien sûr! Ma maman m'avait bien raconté comment nos confrères sauvages luttaient chaque jour pour trouver une nourriture saine et suffisante pour l'ensemble de la garenne... Comment les hivers pouvaient être difficiles, comment il fallait faire un maximum de réserve en été, où quelques mois bénis fournissent fruits et feuillages en abondance...

Rien de tout cela quand on vit chez une bipède. La nourriture tombe littéralement du ciel, à heure plus ou moins fixe, 3 fois par jour. L'herbe séchée est à disposition en permanence, on peut même chipoter et ne choisir que les brins qui nous plaisent. N'est-ce pas là le luxe suprême?

Concrètement, commet ça se passe? Je vous ai déjà parlé de la boîte magique de la bipède, il en sort toujours des légumes frais et variés. Ça fait partie des dons inexplicables des bipèdes. Donc 3 fois par jour, ma bipède, elle s'affaire près de sa boîte magique, et elle me sert une sélection de ce qui se fait de mieux. Jugez plutôt : carotte, céleri, salades diverses, persil, fenouil... toutes ces choses qui sont si rares dans la nature, et qui constituent une véritable bénédiction pour une garenne quand il en pousse à proximité. Il y en a tellement que quelques fois, je n'arrive pas à finir. Cela se ressent sur ma ligne, je dois bien l'avouer, j'ai en permanence assez de réserves pour passer l'hiver, sauf que d'hiver, il n'y a point chez les bipèdes.

Concernant les fruits, c'est un peu plus problématique. En effet, ma bipède s'arroge le droit de les manger en premier, outrepassant complétement mes prérogatives de dominante. Je suis donc chaque fois obligée de la rappeler à l'ordre, afin qu'elle n'oublie pas que c'est à moi que le trésor revient. Cela implique un combat au corps à corps, mais on devient super courageux et super fort quand on vit avec un bipède, alors je gagne toujours. Quelque fois, la bipède essaie de se cacher avec son larcin, mais elle oublie que nous sommes capables de sentir un fruit à plusieurs mètres de distance. Et de reconnaître le bruit du fruit que l'on mange, du jus dont on se lèche les babines, etc... donc c'est très rare que le bipède s'en sorte à ce jeu-là.

Autrement, c'est plutôt intéressant ce qu'on découvre. Les bipèdes trouvent tout un tas de fruits inconnus de nos ancêtres. Tout le monde connait la pomme, la poire, la fraise, la cerise... Mais connaissiez-vous la banane? J'ai mis beaucoup de temps à me laisser convaincre, au début, j'ai cru qu'il s'agissait d'une ruse de bipède pour me faire tomber dans ses filets. Le parfum de la banane est très fort, très puissant, avec presque quelque chose du fruit entrain de pourrir. Autant vous dire que je voyais ça d'un œil très circonspect! J'ai longtemps refusé l'offrande, mais pourtant la bipède insistait pour m'en faire manger à chaque fois qu'elle en mangeait. Après de long mois de résistance, et ma confiance allant en s'amplifiant vis-à-vis de ma bipède, je me décidais à goûter... Et là, mes amis, je crois que vous ne sauriez imaginer un aliment pareil... De texture molle et collante comme nos délicieux caecotrophes, la banane est en plus très sucrée et son parfum tout simplement enivrant, narcotique... J'avais donc raison de me méfier, mais trop tard, j'étais prise au piège de la dépendance, je crois d'ailleurs que c'est à partir de là que j'eus le courage de venir au corps à corps pour réclamer mon dû ! La banane m'avait fait passer chez l'ennemi ! Mais quel plaisir d'en manger ! C'est tellement violent que j'en ai des spasmes de plaisir à la dégustation...

J'étais prise également au jeu de la découverte, puisque je goûte maintenant les yeux fermés presque tout ce que ma bipède me propose. J'ai découvert des fruits acides, juteux, parfumés, de toutes sortes... Des légumes aussi que je connaissais pas, ils ont vraiment de l'imagination ces humains pour disposer d'autant de goûts différents. A tel point que quant arrive le moment de la « gamelle » (c'est le mot bipède pour désigner le trésor), je perds mes esprits. Je suis prise d'un besoin irrépressible de courir, quenotte en avant, mordant tout ce qui passe à proximité. Il faut savoir que ma bipède est d'une lenteur désolante quand il s'agit de servir la gamelle, entre le moment de l'ouverture de la boîte magique, et le moment où enfin j'accède au trésor, on a largement le temps de mordre tous ses compagnons de garenne. Ici je suis seule heureusement, mais je mors sans problème tout bipède passant à proximité dans ces moment-là, ils n'ont qu'à se dépêcher un peu après tout ! Mais j'ai bien conscience que je perds la boule, même ma bipède le voit, elle m'impose souvent de me calmer d'abord avant de me servir le trésor. Et elle est résistante la bougresse, elle est capable de repartir avec le trésor si je ne me reconnecte pas rapidement avec la réalité. Alors je prend sur moi, pour ne pas retarder encore le moment de l'extase suprême!

Je finirais sur le sujet de la nourriture par les affaires courantes, avec le foin. Vous savez que nous nous devons de mastiquer une bonne partie de la journée si nous ne voulons pas voir nos dents devenir exagérément longues et douloureuses. Nous devons donc passer nos journées à fureter la garenne à la recherche de la meilleure herbe, et encore faut-il qu'il y en ai assez pour tout le monde sans avoir à empiéter un territoire ennemi. Chez les bipèdes, à nouveau, point de problème. Le foin est généreusement servi, de telle sorte que l'on peut choisir de ne manger que les meilleurs brins. Une fois la sélection effectuée, il suffit d'en faire la demande et le bipède accourt pour nous en servir une nouvelle brassée à trier.

Bref, vous l'aurez compris, c'est là que réside le principal avantage de la vie chez les bipèdes. C'est même tellement facile, que ça en devient ennuyeux. Cela signifie que nous devons trouver d'autres activités pour remplir nos journées, mais heureusement, les occupations ne manquent pas... J'aurais sans doute l'occasion de vous en reparler!

A bientôt,
Coca

4 commentaires:

Anonyme a dit…

J'ai adoré le passage de la banane!!!! Je n'ai pas eu de mal a imaginer la scène XD
Et bien Coca tu as beaucoup de chance d'être nourrit 3 fois par jour, décidément il va falloir que je mettre le contrôle lapin sur mon ordinateur pour que les cachalots n'aient pas accès à ton blog, sinon ils vont me réclamer une 3ème gamelle

Unknown a dit…

Oui, le passage de la banane est vraiment très bien raconté ! Tu as des dons littéraires miss Coca ! ;-)
Mais tu ne nous a pas dit, quand la nourriture n'arrive pas à l'heure, tu réclames ? Parce que bon, faudrait pas laisser les bipèdes croire qu'ils ont des latitudes de ce côté là hein ! ;-)

titite a dit…

ahahah ! je te laisse volontiers les délicieuses caecotrophes coca !
il faudrait que tu demandes à ta bipède de nous mettre une vidéo de toi quand tu manges ta banane !

Coca a dit…

Elle a déjà essayé de filmer le phénomène, tu penses bien, elle passe son temps à me harceler avec sa boîte grise qui fait des gros flash de lumière alors que je pionçais tranquille... Mais apparemment, les spasmes bananesques ne sont pas tellement visibles sur les vidéos!