Eh bien chers amis, une année s'est
écoulée et j'ai complètement oublié de venir vous raconter la
suite de ce voyage. J'y repense aujourd'hui car je suis retournée au
même endroit cet été et il y avait du changement... Mais revenons
d'abord au commencement avec le séjour de l'an passé !
Pour rappel, ma bipède m'a embarqué
dans ce que l'on pourrait qualifier de moyen de transport collectif
pour aller voir des bipèdes amis. C'est ainsi que je suis arrivée
dans un énorme terrier où une petite place m'était réservée. Je
n'étais pas libre de me déplacer à ma guise dans le terrier, mais
c'était plus grand que mon sous-terrier habituel ; ce n'est pas
toujours le cas lorsque nous nous déplaçons, j'étais donc assez
reconnaissante.
Comme d'habitude en de pareilles
occasions, ma bipède passe plus de temps à vocaliser avec ses
congénères qu'à s'occuper de moi. J'imagine que je ne peux pas lui
en vouloir, mais j'admets que ça rend le temps long. Heureusement,
arrive toujours un moment où j'ai le droit de visiter le terrier
étranger. C'est toujours intéressant d'étudier un nouveau terrier
bipède, il n'y en a pas deux qui se ressemblent. Visiblement, ils
n'ont pas su se mettre d'accord sur les normes de construction, à
l'inverse de nous autres lapins.
Voici donc venu le temps de la visite.
Ayant eu quelques heures pour observer les allers-venues, j'ai tout
de suite su où se trouvait le centre de l'action et je m'y dirigeais
immédiatement d'un pas décidé. A peine tourné le coin de la
galerie, je constatais que les volumes de ce terrier était bien
différent du notre : c'était très grand et le plafond était très
haut ! Pas vraiment pratique à chauffer l'hiver, vous aurez compris,
il n'y a bien que des bipèdes pour construire des choses pareilles.
Il aurait fallu s'entasser à plusieurs milliers de lapins pour
remplir l'espace. Heureusement c'était l'été et les températures
y étaient agréables, bien plus que dans notre petit terrier où il
fait toujours trop chaud, d'ailleurs.
J'explorais donc ce nouvel habitat,
mais rapidement quelque chose m'interpelât... Cette odeur douceâtre
qui flotte dans l'air... Bon sang, mais je ne suis pas la seule
lapine ici ! Et en effet, je ne tardais pas à découvrir le pot aux
roses au détour d'un recoin, où je trouvais les toilettes aménagées
par les bipèdes pour mes colocataires. Ils étaient deux, une fille
et un garçon. La fille semblait jeune.
Cependant, cela a encore mis un moment
avant que je puisse les apercevoir. Ils vivaient dans un sous-terrier
séparé et les bipèdes semblaient prendre toutes les précautions
pour que nous ne nous rencontrions pas. Mais un jour, les bipèdes
semblaient contrariés par le comportement de mes congénères et
décidèrent de me montrer la fille. Et je dois bien dire que j'ai eu
un choc : non seulement elle était minuscule, mais en plus elle
avait les oreilles tombantes elle aussi, comme un autre congénère
que j'avais pu entrevoir chez des bipèdes chez qui j'allais parfois.
Serais-je la seule lapine aux oreilles normales vivant chez des
bipèdes?
Quoiqu'il en soit, j'étais prête à
entendre ce qu'elle avait à me dire, pas mécontente de pouvoir
bavarder un peu avec une collègue et avoir son avis sur la vie chez
les bipèdes. Mais deuxième déception : de son côté, elle ne
semblait pas du tout ravie de me voir et m'a abordé directement de
manière vindicative :
- Lapine : Wesh, t'es qui toi?
- Moi : Coca, enchantée.
- L : Oh, tu sais que t'es sur mon territoire, là !
- M : Oui je m'en doute, mais je n'ai pas choisi d'être là, tu sais bien, les bipèdes...
- L : Z'y va, comment elle me parle l'autre !
- M : Mademoiselle, s'il vous plait...
- L : Je vais appeler mon pote et on va te mettre la pâtée !
- M : Mais enfin, je ne...
- L : Comment t'es fresh, casse-toi et que je ne te revoie plus ici !
- M : ….
Heureusement, les bipèdes mirent
rapidement fin à cet entretien gênant. Visiblement, la lapine
accusait son ami d'être responsable de ma présence, mais après
m'avoir vue, ils décidèrent de se liguer face à l'adversité
(c'est-à-dire moi) et l'entente retrouvée semblait satisfaire les
bipèdes. J'étais un peu déçue que l'on se soit servi de moi pour
cela, mais surtout déçue de voir à quel point la vie aisée que
nous menons chez les bipèdes pouvait en changer certains. Je
m'attendais à ce que l'on discute autour d'un jus de pomme et d'une
assiette de plantain frais, mais je n'ai récolté qu'hostilité à
mon égard. Suite à cet incident, les bipèdes nous ont à nouveau
tenu éloignés et le reste du séjour s'est déroulé sans encombre.
Puis un soir, nous sommes remontées
dans un gros monstre collectif et nous sommes rentrées dans notre
terrier. La vie a repris son cours, jusqu'à cet été... la suite au
prochain billet !